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« La honte ne dit pas la vérité. Elle dit ce que le monde nous a appris à croire. »

 

Que celle ou celui qui n’a jamais ressenti la honte lève la main !
La honte est une émotion universelle et pourtant taboue. Tout le monde la ressent, mais très peu de gens osent en parler.

La honte nait du sentiment d’être jugée, exposée ou inadéquate, en un mot elle nait du regard – supposé ou réel – des autres. Mais aussi de notre propre regard, souvent dur, nourri de normes sociales intériorisées.

Elle nous pousse à nous cacher, à nous replier, à vouloir disparaitre. Par là-même, elle affecte profondément nos relations aux autres, mais surtout notre estime de soi et notre bien-être psychologique.

Alors, comment apprivoiser la honte pour vivre une vie plus épanouie ?

 

La honte : une émotion intime et douloureuse

La honte naît du désir innocent et universel d’être aimée.

C’est une émotion profonde qui peut se manifester de différentes façons, allant de la gêne passagère à une profonde détresse. Mais quel que soit son visage, elle a toujours une dimension sociale.
La honte survient lorsqu’on a le sentiment d’avoir enfreint des normes sociales ou morales, ou lorsqu’on se perçoit intérieurement comme inadéquate ou inférieure. Notre juge personnel nous fait penser que quelque chose, dans notre personne, ne va fondamentalement pas et nous rend inacceptable ou indigne d’être aimée.

Contrairement à la culpabilité centrée sur notre comportement – j’ai fait quelque chose de mauvaisla honte, elle, touche notre identité mêmeje suis mauvaise.
Même si elle nait généralement d’un élément précis (la façon dont je suis habillée, mon incapacité à faire une tâche en particulier, une partie de mon corps…), c’est l’ensemble de ma personne qui se retrouve profondément dévalorisée. « Je ne suis pas comme il faut », « je suis défaillante », « je suis nulle »
C’est le paradoxe de la honte : elle semble définitive et globale alors qu’il s’agit en fait d’un état émotionnel transitoire qui ne correspond qu’à une partie de ce que nous sommes.

Si la culpabilité peut-être une émotion productive parce qu’elle nous motive à réparer la faute commise (s’excuser quand on a blessé l’autre par exemple), la honte est une émotion invalidante parce qu’elle nous paralyse et nous pousse à nous replier sur nous-même.

 

Le corps : un terrain très fertile pour la honte

La honte peut concerner l’ensemble des registres de notre personne : nos capacités intellectuelles et physiques, notre condition sociale, nos goûts, nos valeurs, notre sexualité, … et bien sûr notre physique.

Pour les femmes, la honte corporelle est souvent structurante. Dès l’enfance, nous sommes socialisées à plaire, à surveiller notre silhouette, à « faire attention ». À considérer que notre physique est notre principal atout pour être digne d’amour, et que notre valeur en tant qu’être humain dépend de notre apparence.
Dans une société qui plus que jamais valorise la jeunesse, la minceur, la fraîcheur, vieillir, prendre du poids, avoir des marques de grossesse ou de fatigue, c’est comme décliner aux yeux du monde. Rien d’étonnant à ce que beaucoup de jeunes femmes d’à peine 30 ans soient déjà terrifiées à l’idée de vieillir et que presque toutes les quarantenaires et plus ressentent un vrai sentiment de honte par rapport aux marques de leur histoire de vie.

Signe des temps, j’observe dans mes accompagnements que de plus en plus d’hommes se sentent eux aussi gênés par leur apparence – l’embonpoint, la calvitie, les rides, la perte de musculature… Mais chez les hommes, la honte physique est souvent plus difficile à nommer. Elle se cache sous l’ironie, le silence, ou une forme de résignation. Pour beaucoup d’entre eux, admettre qu’ils ont honte de leur corps, c’est remettre en question une image virile intériorisée : « un homme ne doute pas », « un homme se fiche de son apparence ».

Notre sentiment de honte trouve souvent des origines dans notre vécu : des quolibets, des remarques désagréables de la part de notre entourage, des préférences parentales qu’on aurait subis dans notre enfance ou notre adolescence.
Mais, de nos jours, les conditionnements sociaux invisibles et les images idéalisées véhiculées par les médias – notamment les réseaux sociaux – favorisent très largement ce sentiment de honte. La comparaison constante avec ces idéaux inatteignables ne nous laisse pas beaucoup de moyen d’y échapper.

 

Pourquoi « le poison de l’âme », comme l’a nommée Boris Cyrulnik ?

La honte prend donc naissance dans l’intériorisation des normes sociétales et d’un idéal fantasmé qui conduisent à se faire « une certaine idée de soi ». Quand on est pris en défaut par rapport à ces normes et à cet idéal (dans le regard des autres mais parfois aussi seule avec notre propre jugement intime), notre « image » est écornée.

Sentiment de ne plus être digne d’être aimée, d’être globalement dépréciée… Notre estime de soi est profondément fragilisée, nous amenant à nous considérer comme responsable de notre sort, jusqu’à trouver justifié le dénigrement dont nous pouvons faire l’objet.
En ce sens, la honte correspond à un renversement de l’amour propre. Elle s’apparente à un effondrement intérieur, avec l’ancrage profond d’un sentiment d’inadéquation et d’un manque de valeur personnelle.

Une autodépréciation prolongée peut entrainer un sentiment de désespoir et de tristesse profonde. En effet, lorsque la honte devient chronique, elle peut s’ancrer solidement dans l’identité même de la personne qui se voit constamment de façon négative et engendrer un isolement social par peur du jugement des autres – deux facteurs majeurs dans le développement de l’anxiété et de la dépression.

Parades pour se cacher, dissimuler, tactiques d’évitement… la honte nous empêche d’exprimer sainement nos émotions, nos besoins, d’assumer nos choix et de poursuivre nos objectifs personnels. C’est un frein puissant à l’établissement de relations authentiques et harmonieuses avec les autres, sur le plan amoureux, familial et professionnel. Mais aussi un véritable obstacle à notre équilibre psychologique et émotionnel, et à notre épanouissement personnel.

Alors, que faire ?

 

L’autocompassion – une réponse douce à la honte

Quand la honte surgit, notre réflexe est généralement de la fuir, de nous juger davantage ou de nous cacher. C’est comme si notre système de défense se refermait encore plus sur lui-même.
Mais cacher notre honte la maintient en vie.

Nos croyances fondamentales négatives (je suis mauvaise, je ne suis pas digne d’être aimée, je suis nulle…) ne sont que des croyances et non la réalité. Ce sont des pensées qui sont profondément ancrées dans notre psyché, souvent formées dans notre jeunesse, et qui n’ont généralement que très peu de valeur de vérité. Mais lorsque nous les cachons aux autres, et surtout à nous-mêmes, ces pensées persistent – voire s’amplifient.  Quand nous accueillons intimement nos croyances fondamentales négatives, elles commencent à perdre leur pouvoir sur nous.
Pour apprivoiser la honte, la première chose est donc de ne pas la nier, mais au contraire de la reconnaitre.

Puis, entrer en empathie avec nous-même et changer notre posture intérieure face à nous-même. Car bien que le regard des autres puisse nourrir notre sentiment de honte, c’est avant toute chose notre regard très critique sur nous-même qui le provoque.

Alors, si au lieu de nous juger pour ce que nous ne sommes pas, nous apprenions à nous accueillir telles que nous sommes ? C’est exactement ce que propose l’autocompassion en pleine conscience.

L’autocompassion, c’est quoi ?
C’est la capacité à :

  • Réduire la spirale de l’auto-critique en se parlant comme on parlerait à une amie chère : avec douceur, bienveillance, compréhension.
  • Se reconnecter à son humanité partagée – je ne suis pas seule à vivre ça, cela fait partie de notre condition d’être humain
  • Et rester présente à ce qu’on ressent, sans s’y perdre ni le rejeter.

On pourrait dire que l’autocompassion, c’est l’art de se tenir la main intérieurement quand c’est difficile, au lieu de se mettre un coup de bâton. « C’est normal que je ressente ça. Beaucoup de femmes ressentent la même chose. J’ai le droit de ne pas être à l’aise avec mon corps, et je peux m’en parler avec douceur. »

La honte nous isole et nous durcit.
L’autocompassion, elle, nous relie, nous adoucit et nous permet de retrouver notre si précieux espace de liberté intérieure.

 

La honte est une émotion profondément perturbante et douloureuse qui peut avoir des répercussions durables sur notre bien-être psychologique, émotionnel et relationnel. L’autocompassion est l’antidote ultime à la honte. En considérant nos imperfections avec bienveillance plutôt qu’avec jugement, en nous souvenant de notre humanité commune au lieu de nous sentir isolée par nos échecs, et en étant consciente de nos émotions négatives – je me sens mal – plutôt que de nous identifier à elles – je suis moche – l’autocompassion nous permet de surmonter la honte et de nous libérer de son emprise. Elle nous offre le droit de ne pas être parfaite, et pourtant totalement digne d’être aimée.

 

Vous souhaitez retrouver un regard plus doux sur vous-même ? Laissez-vous guider dans un petit exercice d’autocompassion en pleine conscience. Vous le retrouverez à la fin de mon Live Facebook ici.

Et si vous avez envie d’en savoir plus sur le sujet, je vous conseille vivement le livre de Kristin Neff S’aimer ou se réconcilier avec soi-même. Ce livre a changé ma vie ! Et son fabuleux Cahier d’autocompassion en pleine conscience offre des ressources que j’utilise au quotidien.

 

Et pour aller encore plus loin, je vous recommande chaudement le programme Mindful Self-Compassion (MSC) animé par Catherine Baele (Senior Trainer Coach chez BAO-Elan Vital et enseignante du programme MSC). Ce programme, désormais disponible en session de 3 jours, vous permettra de mobiliser et cultiver pleinement la faculté de compassion qui est en vous.

Je vous aussi invite à (re)découvrir ces deux vidéos qui, plus que jamais, vous veulent vraiment du bien :
Interview n°1 Comment la méditation et l’autocompassion peuvent nous aider à nous réconcilier avec nous-même
Interview n°2  Comment la méditation et l’autocompassion peuvent nous soutenir dans les moments difficiles

 

Et si vous sentez que c’est difficile, que vous auriez besoin d’aide sur ce chemin, ne restez pas seule face à vos difficultés.

Contactez-moi pour 1 séance Découverte gratuite de 30min sans engagement. Nous ferons plus ample connaissance et nous verrons ensemble comment je peux vous aider.

 

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