« Puisque l’identité des femmes est socialement définie par la fécondité
et la (possible) maternité, que se passe-t-il lorsque les deux appartiennent au passé ?
Un espace des possibles s’entrouvre. »
Marie Charrel
Il y a plus de 10 millions de femmes actives de plus de 45 ans.
Et une femme majeure sur deux a plus de 50 ans.
Et pourtant, les quinquagénaires et + sont largement sous représentées dans les médias.
Non contentes d’être invisibilisées, les femmes de plus de 50 ans font aussi face à une discrimination subtile mais pernicieuse sur le marché du travail.
Une discrimination qui peut avoir de lourdes conséquences économiques mais aussi psychologiques pour les femmes – toutes les femmes. Car les plus jeunes peinent à se projeter dans leur avenir et voient les années défiler avec angoisse…
Pourtant, la cinquantaine peut être un moment de réelle libération pour les femmes, l’occasion de donner un nouveau souffle à leur vie personnelle ET professionnelle…
Alors, comment s’affranchir des diktats de la société pour envisager et aborder cette période charnière avec sérénité et enthousiasme ?
Le cap fatidique des 50 ans !
Malgré les progrès réalisés en matière d’égalité des sexes, l’invisibilité des femmes après 50 ans est un problème profondément ancré dans nos sociétés occidentales.
Et largement passé sous silence !
Arrivées à la cinquantaine, les femmes sont socialement priées de s’effacer pour laisser la place aux autres – aux jeunes, et aux hommes.
Dans son livre Vieille, c’est à quelle heure ?! Sophie Dancourt, journaliste, utilise l’expression « syndrome du couvent » pour parler de cette injonction à disparaître – en référence à cette époque où les veuves devaient quitter la société pour partir au couvent.
Rien d’explicite bien sûr ! Ce « syndrome du couvent » s’exprime insidieusement sous la forme d’innombrables injonctions au jeunisme.
Rien d’étonnant donc que cette « invitation à disparaitre » coïncide avec la ménopause.
Cette période charnière dans la vie d’une femme où elle cesse d’être féconde, donc en un sens d’avoir une valeur et une utilité dans la société.
Mais également où elle subit des variations physiques importantes. Alors même que le sexe féminin est encore de nos jours jugé essentiellement sur son physique.
Le vieillissement n’est pas neutre du point de vue du genre. Et les femmes sont victimes du « double standard du vieillissement » comme l’a appelé Susan Sontag.
Certes, les hommes de plus de 50 ans sont aussi malmenés dans le monde du travail et peuvent devoir affronter le chômage de longue durée.
Mais de façon générale, là où l’âge confère aux hommes une certaine valeur ajoutée (expertise, pouvoir, prestance, charisme, richesse…), elle déprécie les femmes.
L’accent est davantage mis sur leurs dérèglements hormonaux et le manque de fiabilité qui peut en découler (perte de mémoire, variations d’humeur, état dépressif) que sur leur expérience et leur expertise acquises au fil des années !
En perte de performance et de compétitivité temporaire, elles n’ont pas forcément l’énergie de lutter et voient souvent les opportunités professionnelles leur passer sous le nez au profit des hommes, ou de femmes souvent moins compétentes, mais plus jeunes !
Dans le milieu du travail, l’âgisme combiné au sexisme prend des proportions effrayantes.
La pénurie de représentation des femmes de plus de 50 ans – une angoisse pour les plus jeunes !
Dans notre imaginaire collectif, on sait très bien décrire une trentenaire, on sait caricaturer une grand-mère, mais on est incapables de se représenter une quinquagénaire !
Le moment pivot qui correspond à l’invisibilisation des femmes est donc la ménopause.
Au-delà d’un sujet biologique, il s’agit avant tout d’un sujet social – qui concerne toutes les femmes. Car cette « obsolescence programmée » entraine une angoisse profonde chez les trentenaires qui sont terrifiées à l’idée de vieillir.
Elles courent chez le coiffeur dès qu’elles ont trois cheveux blancs, dépensent des fortunes dans des crèmes anti-rides, s’observent chaque matin avec anxiété dans le miroir – s’auto-stigmatisent de manière violente.
Il y a une forme de culpabilité dans le vieillissement des femmes qui luttent sans relâche contre les années qui passent. Une lourde charge physique et mentale qui vient s’ajouter à toutes les autres et les empêchent de développer leur vrai potentiel tant elles sont occupées à essayer de remonter le temps.
Et comment pourrait-il en être autrement ?!
Quel que soit leur métier, leur milieu social, leurs ambitions, les femmes n’ont presque pas de rôles modèles plus âgés.
Comment se projeter dans un avenir professionnel quand ses ainées se retrouvent mises à l’écart ou décrédibilisées parfois à partir même de 45 ans ?
Comment s’imaginer 15 ou 20 ans plus tard épanouies et bien dans leur peau alors que le cinéma et les médias n’offrent que de très rares représentations des femmes de 50 ans – de leur corps, de leurs cheveux grisonnants et de leurs magnifiques rides de vie ?
Comment peut-on grandir (à tous points de vue) avec pour seul modèle celui de la jeunesse éternelle ?
Notre rôle de transmission est essentiel
Certes, la ménopause est une période souvent compliquée à vivre, qui comporte son lot de manifestations désagréables et inconfortables (voire douloureuses).
Mais la cinquantaine est aussi un moment de libération pour les femmes. L’occasion de commencer une nouvelle étape de la vie, y compris professionnelle !
Si nous devons, toutes ensemble, lutter contre les diktats et les injonctions de notre société patriarcale, chacune, individuellement, nous avons un devoir de transmission.
Envers nos filles, nos belles-filles, toutes les femmes que nous côtoyons.
À chacune d’elles, nous devons montrer à quel point nous sommes fières des signes de notre âge – car ils racontent notre histoire, notre vécu, notre expérience, notre maturité, notre sagesse, nos déceptions parfois mais l’amour aussi… ils racontent la vie.
À chacune d’elles, nous devons prouver que si nous ne pouvons plus avoir d’enfant, nous sommes encore d’une grande fécondité dans tous les autres domaines. Envies, découvertes, concrétisation de nos rêves, reconversion, formation, projet entrepreneurial… nous sommes des concentrés de talents, de créativité, de force vive avec la capacité et la possibilité de nous réaliser pleinement.
À chacune d’elles, nous devons démontrer à quel point cette « déclassification sociale » est en réalité une chance. Car elle nous ouvre un magnifique espace de liberté !
Libérées du regard des autres, nous pouvons nous affirmer, nous révéler, oser des choses que nous n’avons jamais osé faire auparavant.
Soulagées des contraintes maternelles, nous avons plus de temps à nous consacrer à nous – notre bien-être, nos projets. Nous pouvons dire « moi d’abord » avec beaucoup moins d’états d’âme.
Débarrassées des injonctions de performance, nous pouvons développer un nouveau rapport au travail, plus équilibré, plus satisfaisant, plus épanouissant, plus créatif aussi.
En ce qui me concerne, la ménopause a été une des périodes les plus créatives et fécondes de ma vie. C’est à cette période que j’ai créé OseTaVie – que je me suis réinventée professionnellement mais aussi réalisée personnellement puisque je me suis enfin sentie alignée avec mes besoins profonds, avec cette envie de transmettre, d’échanger, de faire profiter les autres de mon expérience et de ma compréhension des évènements qui nous touchent toutes.
Alors, pour vous accompagner à profiter de la vie et à faire de chaque jour qui passe un pont vers l’avenir, voici 3 petits tips que j’avais envie de vous partager :
Inspirez-vous
Connaissez-vous le « tableau de vision » ? La base c’est l’inspiration – comme prendre un grand bol d’air frais ! Allez piocher sur internet, dans les magazines, sur les réseaux sociaux, des photos de femmes plus âgées et que vous trouvez belles, naturelles, épanouies, accomplies. Réalisez une mosaïque de toutes ces photos que vous afficherez à un endroit stratégique pour la voir tous les jours. Plutôt que de regarder derrière vous et de vous morfondre du temps qui passe, laissez-vous inspirer par ces magnifiques femmes pour vous projeter dans un avenir réjouissant.
Oubliez les stéréotypes
La société nous enferme dans un carcan. Nous devons cacher nos cheveux blancs et camoufler au maximum nos rides, et en même temps la décence veut qu’une femme d’un certain âge porte moins de couleurs vives, ait une allure plus « sage » et convenable…
Et pourquoi ne pourrait-on pas avoir les cheveux poivre et sel et porter une belle robe moulante rose éclatant ?
Soyons les premières – nous les femmes – à accepter (et revendiquer) qu’on peut avoir envie de se teindre les cheveux ou pas, qu’on peut aimer porter enfin des vêtements amples et confortables ou au contraire que le moment est venu de nous offrir ces petites robes froufroutantes qu’on n’avait jamais osé porter auparavant. Assumons notre âge dans toute notre richesse et notre diversité !
Aimons-nous les unes les autres
La sororité à un rôle fondamental à jouer dans ce mouvement de « body positive » et de mise en lumière des femmes de plus de 50 ans.
Car la sororité c’est l’inverse de la compétition, de la comparaison, du jugement – de ce que nous subissons au quotidien dans notre société !
La sororité, c’est de l’entraide, de la solidarité, de l’encouragement pour toutes celles qui souhaitent sortir de leur isolement, faire entendre leur voix, écouter leurs désirs profonds et assumer ce qu’elles sont quel que soit leur âge – leur corps, leur flamme, leurs ambitions, leurs idées et leurs envies.
La sororité, c’est cet endroit merveilleux où on peut montrer notre puissance sans être critiquée, montrer notre vulnérabilité sans être attaquée, montrer notre différence sans être jugée – un cocon où on peut se reposer, un terreau qui nous aide à grandir, des bras et des cœurs qui nous accompagnent et nous soutiennent.
Aimons-nous les unes les autres et donnons-nous à chacune la permission et la liberté d’être nous-même.
Déconstruire les stéréotypes qui sont légion prend du temps. Mais nous pouvons, chacune individuellement, développer un activisme joyeux ! Car si les choses ont commencé à évoluer, c’est grâce aux femmes elles-mêmes. Nous sommes notre propre média. Nous sommes les « rôles modèles » de nos plus jeunes. Nous sommes les pionnières qui donnons à chacune la permission de vivre enfin son vieillissement comme elle l’entend !
Alors, osons, assumons, et profitons pleinement de ces années que la vie nous offre !
Parce que cette période est un moment de profond bouleversement, il est important de ne pas être seule, de pouvoir parler et échanger. Si vous souhaitez une écoute attentive et bienveillante, si vous sentez que vous avez besoin d’être accompagnée sur ce chemin difficile pour en faire une réelle opportunité de vous réaliser, contactez-moi pour une séance Découverte gratuite de 30mn sans engagement. Ensemble, nous verrons comment je peux vous aider.
Pour vous informer et vous inspirer, vous pouvez aussi aller faire un tour sur le site de la journaliste Sophie Dancourt J’ai piscine avec Simone – le media féministe à remous qui donne de la visibilité à la génération des femmes de 50 ans – ou lire son livre Vieille, c’est à quelle heure ?! aux Editions. Leduc.
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