« Ce que nous pouvons ressentir, nous pouvons le guérir »
Kristin Neff
On associe souvent le mot deuil à la mort, à la perte d’un être cher.
Pourtant, chacun peut en faire l’expérience à travers une rupture amoureuse, la perte d’un emploi, la fin d’une amitié, l’échec d’un projet, ou encore la maladie.
Le deuil peut même s’éprouver dans des circonstances heureuses comme la naissance d’un enfant ou le mariage. Ne parle-t-on pas d’ailleurs « d’enterrement » de vie de jeune fille ou de vie de garçon ?
Le deuil, quelle qu’en soit la forme, est une épreuve très douloureuse.
Pourtant, il n’est pas seulement synonyme de tristesse ou de désespoir.
Il peut aussi être une opportunité de transformation.
Alors, si au lieu de voir le deuil comme une fin, on le regardait comme une invitation à renaître à nous-même ?
Le deuil : un passage initiatique
Expérience universelle, le deuil traverse toutes les étapes de notre vie.
C’est une épreuve intime et personnelle à laquelle nous sommes confrontés à chaque fois que nous devons renoncer à notre vie d’avant, de façon définitive, sans pouvoir revenir en arrière.
Le deuil peut donc être défini comme une rupture.
Un changement irréversible entre un avant et un après.
Mais de quoi faisons-nous vraiment le deuil ? Et pourquoi est-ce si douloureux ?
Nous perdons une personne, un travail, une situation… Mais au-delà de cette perte, dans chacune de ces expériences, c’est une part de nous-même qui disparait.
Et chaque perte bouleverse notre équilibre intérieur, sur plusieurs plans :
Notre identité.
Quand une rupture survient, elle modifie la manière dont nous nous définissons. “Je ne suis plus la compagne de…”, “je ne suis plus la salariée de…”, “je ne suis plus en bonne santé.”…
Le deuil nous confronte à un vide identitaire, nous obligeant à redéfinir qui nous sommes lorsque tout ce qui paraissait stable s’effondre.
Notre rapport aux autres.
Le lien change, parfois disparaît. Il faut réapprendre à exister autrement dans le regard des autres, à vivre sans le regard familier. C’est une douleur profonde, car nous sommes des êtres relationnels : le lien à l’autre fait partie de notre construction.
Notre rapport à l’avenir.
Le deuil vient souvent briser des projets, des rêves, des perspectives. L’avenir que nous imaginions n’existe plus. Il faut alors réinventer un futur, à partir d’un présent vidé de sens.
Ce qui rend le deuil si bouleversant, ce n’est pas seulement la perte elle-même, mais le vide intérieur qu’elle laisse, la désorientation qu’elle provoque, et la nécessité d’apprendre à vivre autrement.
Ce que le deuil nous apprend sur la vie
Le deuil est souvent perçu comme une injustice. Pourtant, aussi dur que cela puisse nous sembler, il nous renvoie juste à l’essence même de notre condition humaine.
Chaque perte nous confronte à trois grandes vérités universelles :
Notre finitude.
Le deuil nous rappelle notre vulnérabilité – nous ne sommes pas tout-puissants. Rien n’est éternel, et c’est précisément cette fragilité qui donne toute sa valeur à la vie.
Notre solitude.
Même entourés, nous sommes seuls face à la perte. Cette solitude n’est pas un isolement, mais une invitation à renouer avec notre intériorité, à écouter ce qui se passe en nous.
L’incertitude.
Rien n’est acquis, rien ne nous est dû. La vie peut tout nous reprendre à tout moment. Mais dans cette impermanence réside aussi la beauté du vivant : l’imprévu, la surprise, la possibilité du renouveau.
Faire son deuil consiste à reconnaître que tout ne dépend pas de nous. À accepter que nos rêves ne sont pas des certitudes. À réconcilier nos désirs avec nos limites.
Les étapes du deuil : un chemin de résistance
Faire son deuil consiste donc à accepter de laisser derrière soi ce que l’on a déjà perdu, ce que l’on est déjà plus. À reconnaitre aussi nos limites, notre impuissance, la fragilité de toute chose. Ce qui est profondément douloureux.
Et pour nous protéger et tenter d’échapper à cette douleur, nous allons essayer de résister tant que nous pouvons.
Si chaque deuil est unique, et chaque parcours différent, on peut néanmoins reconnaitre 4 grandes phases du deuil.
4 étapes qui traduisent ce chemin intérieur où la résistance peu à peu se transforme :
Le déni.
C’est le choc, la sidération. On refuse de croire ce qui se passe.
Pour se protéger on fuit la réalité, le déni la tient à distance.
La colère.
C’est la révolte, on cherche un responsable. On en veut à soi, à l’autre, à la vie.
Cette énergie maintient un sentiment de contrôle, une forme de lien avec ce qu’on a perdu.
Le marchandage.
C’est la tentative de négocier avec la réalité. “Et si je faisais différemment ? Et s’il revenait ?” Une manière de retarder le lâcher-prise…
La tristesse.
C’est le point de bascule, celui où la réalité s’impose.
On ressent enfin ce qui est. La douleur devient consciente — c’est une étape précieuse.
La douleur est inévitable. Elle fait partie de la vie.
Mais la souffrance, elle, est optionnelle.
Refuser la réalité ne change rien à ce qui est. Mais cela nous enferme dans la souffrance qui s’ajoute à la douleur déjà présente.
On dit que la souffrance = douleur x résistance.
Plus nous résistons et plus nous souffrons.
Et paradoxalement, plus nous cherchons à éviter la souffrance, plus nous la nourrissons.
Alors, comment réussir à lâcher prise ?
L’acceptation : de la lutte à l’apaisement
Plus nous évitons nos pensées et nos émotions négatives, moins nous pouvons les voir clairement et y répondre avec bienveillance.
La pleine conscience et l’autocompassion sont des alliées précieuses : elles offrent la sécurité intérieure nécessaire pour accueillir nos émotions sans résistance.
On ne peut pas forcer l’acceptation — mais on peut accepter qu’on n’accepte pas.
Reconnaître : « Je suis en lutte », sans se juger, c’est déjà faire un pas vers soi.
Et peu à peu, cette bienveillance envers soi ouvre une brèche : quelque chose se relâche.
Quand on cesse de se battre contre la réalité, quelque chose se met à respirer à nouveau en nous.
La douleur est toujours là, mais elle circule différemment.
Elle cesse d’être un mur, pour devenir un passage vers la reconstruction.
L’acceptation n’est pas une résignation. C’est le moment où la lutte intérieure s’apaise.
Quand on cesse de résister, qu’on ne cherche plus à changer ce qui est, la douleur peut enfin se transformer.
On découvre que ce vide n’est pas un néant, mais un espace fertile, un lieu où quelque chose de neuf peut naître.
Le deuil n’est pas une fin, c’est une métamorphose.
Ce n’est pas “tourner la page”, mais relire l’histoire autrement, comprendre ce que la vie voulait nous enseigner à travers la perte.
Chaque deuil, vécu avec conscience, devient une porte ouverte vers soi : une invitation à se redéfinir, à aimer autrement, à revenir à l’essentiel.
Faire un deuil, c’est donc bien plus qu’accepter une perte : c’est apprendre à aimer ce que l’on est devenu.
C’est regarder la personne que la vie a façonnée et reconnaître en elle une nouvelle force, une nouvelle lumière, une nouvelle sagesse.
Le processus de deuil est une traversée intérieure, lente et profonde.
Et au bout du chemin, il y a l’apaisement.
Non pas parce que la douleur a disparu, mais parce qu’elle a trouvé sa place.
Parce qu’elle ne nous définit plus : elle nous a transformée.
Le deuil fait partie de la vie. Il en est même l’un de ses passages les plus humains et les plus transformateurs.
Il nous rappelle que tout change, que rien n’est figé, que nous ne contrôlons pas tout. Mais il nous enseigne aussi l’humilité, le courage, la compassion envers nous-même.
Et surtout, il nous relie à l’essentiel : à la vie, dans ce qu’elle a de fragile, de précieux et d’imprévisible.
Alors si vous traversez un deuil, quel qu’il soit, souvenez-vous :
malgré la douleur, vous n’êtes pas en train de mourir à votre vie,
vous êtes en train de renaître à vous-même.
Le processus de deuil demande parfois d’être accompagné, écouté, soutenu. Le partage, la parole, la présence de l’autre nous aident à déposer ce qui pèse trop lourd. Si vous sentez que vous avez besoin d’aide sur ce chemin, ne restez pas seule.
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* Sources :
Si vous souhaitez approfondir le sujet, je vous recommande 2 excellents ouvrages :
- Finitude, solitude, incertitude: Philosophie du deuil de Jean-Michel Longneaux aux éditions Puf
- Le Couple brisé : De la rupture à la reconstruction de soi de Christophe Fauré aux Editions Albin Michel
Vous pouvez également lire (ou relire ) Mon cahier d’autocompassion en pleine conscience de Kristin Neff et Christopher Germer aux Editions De Boeck Supérieur.
Et si vous souhaitez vous former à l’autocompassion je ne saurais que vous recommander les cycles MSC (Mindful Self-Compassion) de Catherine Baele -enseignante en méditation mindfulness et en autocompassion en pleine conscience depuis de nombreuses années.
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