« À chaque fois que vous vivez une relation négative, décourageante et frustrante,
il y a fort à parier que vous vous êtes fait entraîner dans un jeu de triangle. »
Christelle Petitcollin
Connaissez-vous le triangle de Karpman ? Plus connu sous le nom de « triangle dramatique », il s’agit d’un jeu psychologique entre deux personnes, qui se joue très fréquemment dans le couple. On y trouve, aux trois pointes du triangle, trois rôles : celui de la victime, celui du bourreau et celui du sauveur, que chacun peut endosser alternativement.
En réalité, ce jeu psychologique n’est pas un jeu.
Et ce triangle porte bien son nom, car il est effectivement dramatique pour le couple !
Extrêmement frustrant, énergivore, source de disputes, ce « jeu » piège les deux partenaires dans un schéma relationnel conflictuel qui peut à terme être extrêmement néfaste pour la relation.
Alors comment entrons-nous dans ce jeu et surtout, comment pouvons-nous en sortir ?
Qu’est-ce qui se joue exactement dans le triangle dramatique ?
Ce qui se joue dans le jeu du triangle dramatique, c’est le pouvoir.
Il ne s’agit pas ici d’imposer brutalement sa volonté, de façon dictatoriale.
Mais plus subtilement d’avoir une emprise sur l’autre dans le but de gagner ou de conserver un contrôle sur lui/elle afin d’obtenir ce que l’on souhaite. En adoptant un des trois comportements suivants :
La victime : Pure et innocente par essence, la victime n’a forcément aucune responsabilité dans ce qu’elle vit ! Elle cherche à se faire prendre en charge et rendre l’autre responsable de son bonheur mais surtout de son malheur. Elle adopte un comportement passif. Au lieu d’exprimer ses attentes de façon claire, elle va avoir tendance à s’exprimer par des sous-entendus, tout le temps se plaindre, s’apitoyer sur elle-même.
Le bourreau : Incapable de gérer son mal-être, le bourreau (ou persécuteur) cherche une personne sur qui « décharger » ses propres souffrances de vie. Pour ce faire, il persécute, critique tout le temps, cherche à blesser l’autre par des remarques sarcastiques, voire humiliantes.
Le sauveur : Contrairement à ce que le terme semble indiquer, le sauveur n’a pas le beau rôle dans ce triangle ! Il est en quête de valorisation personnelle. Soit, il va apporter son aide, mais de façon inefficace. Car au lieu d’aider la victime à trouver la solution par elle-même, il se pose en personne indispensable pour résoudre le problème et par là-même l’incapacite totalement. Par ailleurs, ses sauvetages sont un excellent moyen de fuir ses propres problèmes en se focalisant sur ceux des autres.
Nous entrons tous dans ce jeu du triangle de façon inconsciente. Il se met en place à notre insu, contre notre volonté. Et, une fois en place, il fausse totalement les échanges entre les partenaires qui ne savent plus communiquer de façon saine, apaisée et harmonieuse.
Les échanges sont infructueux, tendus, négatifs, et dérapent rapidement en disputes qui peuvent durer longtemps. Et ce schéma relationnel toxique se répète inlassablement…
Nous nous laissons piéger de façon inconsciente…
Quand nous entrons en interaction avec l’autre, il s’agit très souvent de combler un besoin.
Il peut être question d’attirer son attention, recevoir de l’affection, du réconfort, se faire aider, partager ses tâches ou ses responsabilités…
Mais, à l’inverse de ce qui se passerait dans une relation saine et équilibrée, dans ce mode de fonctionnement toxique, nous n’exprimons pas clairement notre besoin.
Nous employons des voies détournées, nous attendons que l’autre devine ce que nous souhaitons… En partant du principe qu’en couple on se connait bien et que l’autre est donc censé savoir ou au moins se douter de ce dont nous avons besoin.
Avec pour résultat que nous n’obtenons presque jamais ce que nous voulons, mais plutôt carrément l’inverse ! Et nous accumulons les frustrations de nos besoins non comblés, et le ressentiment envers notre partenaire qui n’a pas su comprendre à demi-mot, deviner nos attentes dissimulées !
Alors, pourquoi ne sommes-nous pas capables d’exprimer clairement nos besoins ?
Si nous ne le faisons pas, c’est principalement parce que nous avons peur :
- Peur du refus : comment réagir si notre conjoint nous refuse les quelques minutes de réconfort que nous lui demandons ? Comment gérer la frustration que cela engendrerait ?
- Peur de l’intimité : si je me montre vulnérable, si je livre mes pensées intimes, l’autre ne va-t-il pas s’en servir contre moi ? Maintenant ou plus tard ?
- Peur d’aborder les vrais sujets : et si je préférais connaitre la frustration de mes besoins non comblés (dont je peux rendre l’autre responsable) que me confronter aux vrais sujets qui posent soucis dans notre relation ?
Si nous avons recours à ces jeux du triangle dramatique, c’est donc que nous y sommes naturellement poussés par nos peurs inconscientes.
Mais aussi, qu’il peut nous arriver d’avoir du mal à définir quels sont réellement nos besoins. Et quand nous ressentons de la frustration, de la colère, de la tristesse, nous attendons que l’autre trouve pour nous ce qui nous comblerait, nous réconforterait, nous épanouirait.
Alors, comment passer de la peur à la confiance ?
D’un schéma relationnel défensif et frustrant à un mode constructif et épanouissant ?
Comment sortir de ce triangle dramatique ?
Certes, ces échanges négatifs sont involontaires et leurs enjeux inconscients.
Mais ce qui est sûr, c’est que ce jeu ne se joue pas seul. Et s’il s’est développé, c’est que jusqu’à présent vous l’avez alimenté sans vous en rendre compte.
Ne tenez pas l’autre pour seul responsable de la situation. N’oubliez jamais que sans victime il n’y a pas de bourreau !
Dans le triangle dramatique, les deux partenaires sont co-responsables.
Pour sortir de ce schéma relationnel, il est fondamental de prendre conscience que ce jeu existe. Des bénéfices que vous en tirez malgré la négativité, la frustration, le mal-être générés. Et du rôle que vous y prenez.
Car si les deux partenaires peuvent endosser les trois rôles alternativement, chacun a généralement un rôle « favori », celui dans lequel il se retrouve plus naturellement, en fonction de ses blessures d’enfance (bourreau), de son schéma relationnel (sauveur), de son manque de confiance en soi (victime)…
Alors, comment faire :
Pour sortir du rôle de la victime
Votre passivité vous met à la merci de l’autre. Soit vous vous exposez à des remarques blessantes (partenaire bourreau), soit vous allez récolter des solutions inadaptées et de courte durée (partenaire sauveur).
Gardez toujours à l’esprit que chaque adulte porte en lui tout le potentiel pour trouver les solutions à ses problèmes. Et adoptez une posture agissante en travaillant à l’expression claire et sans équivoque de vos besoins et de vos attentes.
Ayez confiance en vous et agissez pour votre propre épanouissement. Vous voir forte et déterminée inspirera le respect des autres, et vous offrira le respect de vous-même.
Pour sortir du rôle du bourreau
Nous avons tous des mauvais jours, des sautes d’humeur, des réactions parfois désagréables… Mais un comportement systématiquement agressif et blessant révèle une grande frustration, beaucoup de souffrance, des blessures probablement anciennes qui continuent de faire souffrir.
Trouvez l’origine de votre frustration, identifiez vos besoins insatisfaits. C’est en prenant conscience de la source véritable de votre manière d’agir que vous pourrez guérir vos blessures et enfin obtenir ce que vous cherchez profondément : de l’amour, de la compréhension, de la reconnaissance… Et (re)nouer un lien aimant et apaisé avec votre partenaire.
Pour sortir du rôle du sauveur
Peut-être vous a-t-on demandé très jeune de vous occuper des autres, de les aider, et vous a-t-on remercié et félicité pour cela. Vous l’avez fait au détriment parfois de votre épanouissement, mais qu’importe puisque cela était une source de valorisation personnelle. Adulte vous reproduisez le même schéma. Mais rendre les autres tributaires de votre intervention, ce n’est pas vraiment les aider…
Soyez conscient qu’il n’existe pas d’adulte sans ressources pour trouver des solutions à ses problèmes. Et ne cherchez plus à répondre à leurs besoins mais plutôt à les rendre autonomes, capables d’y répondre par eux-mêmes.
Il n’y a pas de plus grande gratification, de plus belle marque de reconnaissance. Et cela vous ouvrira la voie vers des interactions plus saines, plus équilibrées et plus épanouissantes.
Ce jeu du triangle est véritablement dramatique pour la relation. Des relations d’amour et de respect finissent par dégénérer en violence et en agressivité. Car dans ce jeu psychologique, une dépendance réciproque s’installe accompagnée d’une frustration profonde qui porte en germe l’éclatement de la relation à plus ou moins long terme.
La bonne nouvelle, c’est que maintenant vous avez pris conscience que ce jeu existe, des automatismes qui se mettent en place, et de votre part de responsabilité dans ce processus.
Et vous savez désormais que pour passer d’interactions dominées par la peur à une relation guidée par l’amour, la solution vient de la connaissance et de l’ouverture de la conscience. Du désir d’amélioration, du travail et de la persévérance. Et de l’acceptation de soi-même.
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Pour aller plus loin :
Je vous invite à découvrir l’excellent livre de Christelle Petitcollin, Victime, bourreau ou sauveur : comment sortir du piège ? aux Editions Jouvence.
Je vous propose également de lire l’article que j’ai rédigé concernant les jeux de pouvoir dans le couple Jeux de pouvoir dans le couple : comment les désamorcer ?
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