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Écoute attentive, présence aidante et réconfortante, pensées attentionnées… La grande majorité des femmes se sentent responsables du confort émotionnel de leur conjoint et de leur entourage – familial, amical et même professionnel.

Mais être attentive en permanence aux besoins et au bien-être des autres représente pour les femmes une lourde charge émotionnelle qui se fait bien souvent au détriment de leur propre confort émotionnel et de leurs besoins.

Alors qu’il est essentiel à toutes nos relations affectives, ce travail émotionnel est rarement apprécié et reconnu à sa juste valeur – comme la majorité des tâches culturellement réservées aux femmes ! Et dans le couple, il est malheureusement souvent à sens unique…

Mais d’où vient cette injuste répartition du travail de care dans les relations affectives ?
Et pourquoi la majorité des hommes pensent-ils ne pas devoir se soucier du bien-être émotionnel des autres, et en particulier de leur compagne ?

Socialement, les femmes sont conditionnées à être dans le don d’elles-mêmes

Dès leur plus jeune âge, on apprend aux petites filles à être douces, gentilles, affectueuses, attentionnées, attentives à leurs frères et sœurs… On leur inculque très tôt cet idéal de « l’infirmière dévouée », dont la vocation est de se consacrer entièrement au bien-être d’autrui.

Dès leur enfance, les femmes sont socialement conditionnées à s’oublier pour s’occuper des besoins et des sentiments des autres. On leur apprend à prendre sur elles, ne pas s’emporter, ne pas s’énerver, ne pas protester, et – se taire. Taire ce qu’elles pensent mais aussi ce qu’elles ressentent, jusqu’à en oublier leurs propres envies et besoins, pour pouvoir se soucier de ceux des autres.

Pour la majorité des femmes, ce travail de care dépasse très largement le cadre de leurs relations intimes, amoureuses ou familiales.
Dans notre société, tous les métiers qui consistent à prendre soin des autres ou qui demandent beaucoup de travail émotionnel sont majoritairement exercés par des femmes : aides à domicile, assistantes maternelles, infirmières, assistantes sociales…
Tous ces métiers sont indispensables au bon fonctionnement de notre société. Pourtant, ils sont mal rémunérés, dévalorisés, invisibilisés. Car, socialement, on estime qu’ils font appel à des qualités naturelles chez les femmes, et que pour cette raison ces qualités ne méritent pas d’être récompensées.

Ces qualités ne sont pas plus innées chez les femmes que chez les hommes !
Mais, à l’inverse des petites filles, on apprend aux garçons dès leur plus jeune âge à taire leurs émotions, à cacher leur vulnérabilité, à faire semblant d’être totalement détachés. C’est entre l’âge de 4 et 7 ans qu’ils apprennent à se comporter comme des petits mecs, à faire semblant de ne pas comprendre les émotions des autres, à se tenir à distance des qualités codées comme féminines – la gentillesse, l’empathie, l’écoute, la sollicitude. C’est en faisant la démonstration qu’ils n’ont pas ces dispositions qu’ils peuvent prouver leur masculinité.

Cette socialisation qui, d’un côté, pousse les hommes à refuser de faire leur part du travail émotionnel, et de l’autre apprend aux femmes à se préoccuper à l’excès des sentiments des autres fait porter un poids énorme sur les épaules des femmes : celui de maintenir le lien qui nous permet de vivre ensemble.

« Loin d’être superflu, le travail émotionnel est en réalité ce qui permet à l’être humain de se sentir exister et de trouver l’énergie pour entreprendre, créer, s’imposer dans la sphère publique. En être les fournisseuses en permanence nous coûte du temps, de l’énergie, que nous ne consacrons pas à créer, entreprendre, investir nous-même dans la sphère publique. » Emma

C’est aux femmes que revient la lourde tâche de faciliter les interactions sociales mais aussi de maintenir la communication au sein de leur couple

Pour la majorité des femmes, être quelqu’un qui aime bien, c’est être une personne qui prend soin de l’autre, par de la présence, des attentions constantes, en allant aux devant de ses envies et de ses besoins. C’est aussi être une personne qui aide l’autre à sortir de ses propres difficultés, à aller mieux sur le plan physique, moral et émotionnel, à devenir une meilleure version d’elle-même.

On sait que ce sont majoritairement les femmes qui participent à des formations ou lisent des livres pour apprendre à mieux communiquer, comment résoudre un conflit ou se disputer de façon constructive. Ce sont elles aussi qui, le plus souvent, font la démarche d’aller consulter un·e thérapeute de couple quand ça va mal. Très rarement les hommes…

Pour la majorité des femmes, ce schéma est naturel, en tout cas culturellement admis.
Mais en prenant en charge la santé de notre conjoint à sa place, en anticipant ses moindres besoins avant même qu’ils ne soient formulés, en endossant pour lui le rôle de coach, de psy, de conseillère, nous devenons progressivement sa mère et son infirmière plus que sa partenaire ! Au détriment de notre épanouissement en tant qu’amante, conjointe et tout simplement de femme.

Car, comment maintenir une sexualité épanouie quand le lien d’égal à égal se mue progressivement en lien de mère à enfant ?
Comment arriver à bien communiquer avec notre conjoint quand toute notre attention est consacrée à décrypter ses réactions et ses émotions pour pouvoir nous y adapter ? Comment arriver à exprimer nos besoins quand nos décisions sont conditionnées par le fait de ménager ses humeurs ?
Comment se réaliser en couple quand toute notre énergie est monopolisée pour l’aider à sortir de ses difficultés à lui ?

Les hommes feignent de ne pas avoir besoin d’aide, d’attention, de soutien. Généralement, ils « dissimulent » leurs demandes et font en sorte que les femmes y répondent d’elles-mêmes, sans prendre la peine de les en remercier et surtout sans se soucier de réciprocité. L’effort émotionnel fourni est souvent à sens unique…
Au sein du couple, encore plus que dans toute autre relation, nos capacités de cœur sont surexploitées.

« Dans les couples hétérosexuels, les femmes expriment leur amour en prenant soin de l’autre, tout en sacrifiant leurs propres besoins. L’homme se nourrit de cette relation pour prendre sa place dans le monde extérieur, plutôt que de retourner à sa partenaire une attention réciproque ». Anna G. Jonasdottir

Alors, comment renverser le rapport d’exploitation genrée du travail émotionnel ?

Pour mieux répartir la charge mentale et émotionnelle, il faut changer le rapport des hommes, mais aussi des femmes, à la parole et à l’écoute. Et faire voler en éclat le mythe selon lequel les femmes sont faites pour donner, et les hommes pour disposer !

Nous, les femmes, nous devons cesser de croire que cette norme du don de soi féminin représente la seule grille de lecture de notre propre estime : je ne suis une bonne personne que si je suis tournée vers les autres, ma plus grande valeur est d’être empathique, je ne suis aimable – dans le sens qu’on peut aimer – que si je suis dans le don de moi-même.

La société nous a tellement conditionnées à penser de cette façon qu’il est difficile de nous projeter dans d’autres espaces que ceux qui nous ont toujours été alloués.
Pourtant, si nous voulons que les choses changent, nous devons oser exprimer nos envies et nos besoins, oser demander, dire quand quelque chose nous dérange. Nous imposer, nous affirmer. Oser penser à nous, nous écouter, nous ménager et apprendre à considérer que nous sommes notre priorité.

Les hommes quant à eux doivent prendre conscience de ce déséquilibre. Ils doivent combattre les normes qui leurs sont également imposées et faire l’effort d’investir dans cette sphère émotionnelle. En étant plus à l’écoute, plus empathiques. En tentant de comprendre et de satisfaire, eux aussi, les besoins de leur entourage.

Si la majorité des hommes croient sincèrement qu’ils sont autonomes et qu’ils n’ont pas besoin de porter plus d’attention à ceux qui les entourent, c’est justement parce que toute l’attention qui leur est portée à eux est invisibilisée.
Parce que les femmes, sans que la demande ne soit jamais clairement formulée, endossent toute la charge mentale et émotionnelle du couple, des relations intimes, de la famille, des relations amicales et professionnelles… Un travail souvent qualifié de futile et anodin qui pourtant procurent aux hommes une impression d’indépendance, d’autonomie, et de force qui leur permet de maintenir leur position de privilégiés dans notre société patriarcale.

Donc, c’est à nous, les femmes, d’être les premières à reconnaître l’immense valeur de tout le travail émotionnel que nous prodiguons aux autres, les compétences que cela requiert, l’énergie que cela nous demande. Et dès lors, de décider en conscience des raisons, des moments, et des limites dans lesquelles nous acceptons de faire bénéficier les autres de nos capacités d’écoute, d’empathie, et d’intelligence émotionnelle.

S’intéresser aux autres, leur faire plaisir, les soutenir quand c’est nécessaire, est à la portée de tous. Croire que c’est une aptitude naturelle chez les femmes et que les hommes ne sont pas faits pour ça est totalement faux ! Nous devons faire voler en éclat les normes sociales et faire en sorte que le travail émotionnel soit enfin valorisé, rémunéré, et partagé de façon égalitaire dans toutes nos relations. Que la charge émotionnelle soit portée par tous, indépendamment du genre – pour des relations plus authentiques, équilibrées et épanouissantes.

Vous souhaiteriez mieux vous affirmer dans vos relations mais vous ne savez pas comment faire ? Je vous propose de me contacter pour une séance Découverte gratuite de 30 min sans engagement. Nous ferons plus ample connaissance et nous verrons ensemble comment je peux vous aider.

 

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Sources :

Le pouvoir de l’amour de Emma

Podcast Le Cœur sur la table – n°9 l’infirmière et l’ingénieur par Victoire Tuaillon produit par Binge Audio